“On a tout gâché”: pour la macronie, un premier tour des législatives au goût amer

“On a tout gâché”: pour la macronie, un premier tour des législatives au goût amer

12 juin 2022 0 Par evelyse vignardet

Une campagne en demi-teinte explique en partie le résultat décevant de la majorité présidentielle (qui n’est que de 25,8% selon nos estimations). Le président est tombé dans son propre piège en raison des mauvaises séquences qui se sont succédées et de la stratégie de Mélenchon.

Ce dimanche soir, les ténors de la majorité avaient l’air gris. Selon les estimations d’Elabe pour BFMTV, L’Express et SFR, la coalition Ensemble, qui regroupe Renaissance (ex-LaREM), Modem et Horizons, a obtenu 25,8% au premier tour. Le parti d’Emmanuel Macron avait pourtant fait 28,21% en 2017. Pire, la majorité présidentielle est derrière le Nupes (Nouvelle Union de la Gauche Populaire, Écologique et Sociale) et ses 26,2 %.





 

Absence de la campagne macronie

Au premier rang des accusés : L’élection poussive, volontairement voulue par le président Macron puis finalement subie. A peine nommées, Elisabeth Borne, ses ministres, et le devoir de réserve imposé aux membres du gouvernement les ont contraints à un silence relatif près d’un mois après la réélection de Macron.

La stratégie laissait espérer qu’il n’y aurait pas de dérapages dans les semaines précédant les législatives, malgré quelques difficultés de recrutement à Matignon. “Dans la majorité il y avait une obsession : éviter les gaffes de la TVA sociale”, confiait il y a quelques semaines à peine un ancien Premier ministre. Cela fait référence à la sortie malheureuse de Jean-Louis Borloo en 2007, qui aurait fait perdre des dizaines de sièges à droite.

Mediapart rapporte que Damien Abad a été nommé au ministère des Solidarités quelques heures seulement avant que deux femmes ne l’accusent de viol. Il nie cela. Après avoir hésité sur la stratégie à adopter, l’Elysée a reconnu avoir entendu parler d’une plainte classée sans suite. Cependant, Elisabeth Borne a déclaré qu’il ne savait rien.






Quatre jours plus tard, le chaos de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France a été vu par des millions de personnes. La gestion de l’événement a été jugée désastreuse par Emmanuel Macron. Marine Le Pen a accusé Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, de “mentir sans vergogne” et d’accuser des dizaines de milliers de supporters britanniques sans billet. Jean-Luc Mélenchon y voyait “son échec”.

Face aux grains de sable de la machine gouvernementale, Emmanuel Macron est revenu tardivement en première ligne. Il a fait un voyage depuis Cherbourg pour répondre aux urgences, puis s’est dirigé vers l’enseignement à Marseille. Il a également fait une interview dans la presse régionale. Enfin, il fait un saut en Seine-Saint-Denis, avant de finalement faire un voyage jusqu’au Tarn. Mais cela n’a pas suffi à convaincre les électeurs

“Les Français ont absorbé les cinq premières années du deuxième quinquennat et se demandent maintenant ce qu’Emmanuel Macron fait de son temps.” On a l’impression que l’élection le gonfle, et ce ne sont pas quelques visites qui changent ce sentiment”, confie Gaspard Gantzer (conseiller en communication de François Hollande, Elysée). Il était autrefois camarade à l’ENA du président.






On note également que Stanislas Guerini (ex-patron de LaREM) n’a pas été élu à la direction de campagne.

Entre les deux tours, la stratégie électorale de Jean-Luc Mélenchon, qui appelait les Français à l’élire Premier ministre, n’a fait de cadeau à aucune des majorités. Le leader insoumis a orchestré le rassemblement des écologistes, socialistes et communistes sous le Nupes, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, après la désunion présidentielle.


D’autres en macronie regrettent les propos d’Emmanuel Macron qui, selon eux, auraient donné du crédit au scénario esquissé par le patron insoumis.

“Le président choisit le Premier ministre qu’il nomme en regardant le Parlement. Il a déclaré qu’aucun parti politique ne pouvait imposer un nom au président dans la presse régionale. C’était après que plusieurs sondages aient montré que les Nupes et Renaissance étaient à égalité en termes d’intentions de vote pour le premier tour.

Le seul moment fort de la campagne a été la passe d’armes entre Jean-Luc Mélenchon et la majorité présidentielle suite à son tweet jugeant que “les flics tuent”.