Elisabeth Borne presse EDF de redémarrer à temps les réacteurs nucléaires à l’arrêt
2 septembre 2022 0 Par evelyse vignardetElisabeth Borne a demandé jeudi à EDF de respecter son calendrier de maintenance des réacteurs nucléaires afin d’éviter à la France d’avoir à engager le processus de redémarrage d’une centrale en cas de coupure de courant cet hiver. Une vive réponse aux propos de l’ancien PDG Jean-Bernard Lévy, qui avait critiqué en début de semaine les gouvernements précédents sur l’incapacité à préparer des personnels compétents au sein de la filière nucléaire.
La réponse a été rapide. Suite aux propos tenus par Jean-Bernard Lévy, toujours président d’EDF dans les réunions du Medef, sur l’incapacité des gouvernements précédents à déterminer la politique à suivre pour notre politique nucléaire, Elisabeth Borne a claqué ses poings sur la table à son micro à France Inter, ce matin. “Je compte sur EDF pour relancer son programme dans les semaines et mois à venir, ce qui évitera à notre pays de devoir démarrer une centrale électrique alimentée au charbon.
Jean-Bernard Lévy avait dénoncé devant les exécutifs lors du Conseil du Medef et devant la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, l’incapacité du gouvernement à former les travailleurs compétents du nucléaire.
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« Assurer les opérations de maintenance nécessaires et recruter »
Pour le chef du gouvernement, la responsabilité incombe plutôt à la direction d’EDF : « Nous n’avons pas changé d’avis, depuis un an nous avons demandé à EDF de mener à bien son programme de maintenance étendu, et d’attirer des experts. Ce n’est pas parce que nous avons arrêté deux réacteurs à Fessenheim à la suite de décisions prises sous la direction du quinquennat de M. Hollande et nous n’avons pas promis à EDF que nous continuerions à produire de l’énergie nucléaire. .
Le recrutement du président d’EDF « en cours de finalisation ».
Le nouveau chef d’EDF est “en voie d’être rendu définitif” comme l’a affirmé le chef du gouvernement sans date précise. Le nouveau patron intervient au moment où l’Etat lance la renationalisation complète d’EDF.
Il va falloir trouver une personne capable de gérer les relations entre EDF et l’Etat. Le 9 août, EDF a assigné en justice le Conseil d’Etat pour réclamer 8,34 milliards d’euros à son actionnaire. L’entreprise demande une compensation pour l’utilisation du “bouclier tarifaire”. En limitant la croissance des tarifs de l’électricité qui sont réglementés à 4 % jusqu’à fin 2022, le gouvernement a en effet imposé à EDF d’augmenter de 20 % son quota annuel de l’électricité vendue à moindre coût à ses concurrents, qui est de 120 TWh (contre 100 TWh par le passé) Cette vente se fait dans le cadre du mécanisme baptisé “Accès régulé au nucléaire historique” (Arenh) souvent décrié par EDF.
Une perte de 5,3 milliards d’euros au premier semestre
C’est aussi l’une des raisons des résultats décevants rapportés par l’électricien français au cours du premier trimestre de l’année de l’année, lorsqu’il a subi un coût historique d’un montant de 5,3 milliards d’euros. “Y a-t-il jamais eu un moment dans l’histoire d’EDF où les chiffres aient été aussi négatifs ? J’en doute fortement”, a reconnu Jean-Bernard Lévy lors de la présentation des résultats. Les principales raisons invoquées : “L’effet du bouclier tarifaire sur le marché en France en 2022” ainsi que “les problèmes rencontrés dans le domaine de la production d’électricité nucléaire en France et, dans une moindre mesure de l’hydroélectricité”.
Plainte de certains actionnaires contre l’Etat
Une association de salariés détenant des actions d’EDF a porté plainte devant la justice auprès de X afin de contester la manière dont la gestion a été conduite par l’Etat de l’entreprise depuis son introduction en Bourse, a-t-on appris ce jeudi via le groupe Energie en Actions. La plainte, longue de 59 pages et comportant 112 pages, a été déposée mercredi au greffe du parquet près le tribunal de Paris, selon récépissé, dont l’AFP a pris connaissance.
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L’un des griefs majeurs est la cession, pour un prix inférieur aux coûts de production, à la concurrence d’une partie de la production nucléaire du groupe, conformément à la procédure dite Arenh (accès réglementé à l’historique de l’électricité nucléaire) instaurée en 2010 d’empêcher des poursuites par l’intermédiaire de la Commission européenne, dans le cadre de la loi Nome, qui réforme le marché de l’électricité en France.