« On vit dans un foyer pour jeunes travailleurs à Paris »

« On vit dans un foyer pour jeunes travailleurs à Paris »

25 septembre 2022 0 Par evelyse vignardet

Agathe (24 ans) et Pierre (24 ans de plus) habitent le foyer pour jeunes actifs Cité des Fleurs, 17e arrondissement, Paris. Il étudie, elle travaille. Ils sont à la fois logés et nourris pour moins de 630 euros par mois. Ils partagent un appartement avec une chambre et une salle de bain.

 

Agathe, 24 ans, une Aveyronnaise aux accents de chant, est arrivée à Paris il y a deux ans pour son stage de fin d’études. Une connaissance lui a fait part d’un « bon plan » pour vivre dans le 17e arrondissement de Paris. C’était la Cité des Fleurs, le foyer des jeunes travailleurs. C’est le feu ! Nous lui avons chuchoté.





Elle envoie son dossier une fois qu’elle a rempli les conditions (avoir entre 18-25 ans), mais pas une ou deux. Banco a déménagé en 2020 dans l’une des 124 chambres. Elle était encore étudiante à l’époque et ne connaissait pas grand monde à Paris. Cette solution clé en main, imaginée en 1966 par les Aveyronnais, les Cantalous et les Lozériens déracinés, lui convient parfaitement. Oui, les réseaux régionaux peuvent être très utiles.

 

 Patio, colo et carte de cantine

 

Il est financièrement difficile de faire mieux. Elle paie 627,29 euros par mois pour sa maison et sa pension. Cette somme est soustraite à laquelle un forfait de 155 euros est versé sur leur carte de cantine. Cela correspond à un petit-déjeuner par matin et à environ 15-16 repas du soir par mois au restaurant self-service. Internet est sa seule dépense supplémentaire. Son réseau n’est pas “assez puissant”, alors sa voisine partage sa box.





Il aime l’ambiance de la vie en commun, même si un loyer peut rendre jaloux n’importe quel jeune Parisien. Les activités dans le foyer, les allers-retours dans d’autres pièces et les solides amitiés qui les unissent ne sont que quelques-unes des nombreuses choses qu’il apprécie. Le sous-sol dispose également de pièces pouvant être transformées en salles de fête lorsqu’elles ne sont pas louées par des entreprises pour l’organisation de séminaires. “Pendant le confinement on a fait beaucoup de soirées, c’était tout un camp !” sourit-elle avec un sourire malicieux.

 

 Une maison de 200 mètres carrés





Ces zones comprennent un patio et un espace calme. Ses 12 mètres carrés sont plus que compensés par son lit simple avec bureau, armoire et salle de bain. Bains privés avec toilettes. Pierre, son co-habitant du Cantal explique ainsi sa vie parisienne : « J’habite une maison de 200 m2 en plein Paris avec 100 m2 de jardin. >>

 

Ils font partie des 11 membres élus au conseil de vie sociale de l’année scolaire. Agathe dit qu’ils envoient des demandes à la direction. “Par exemple, en ce moment, nous discutons de la rénovation de la kitchenette. Elle est trop petite.” Agathe aime ce rôle “politique”. Pierre, en poste depuis 16 mois, est content de la rénovation mais préférerait plus “d’horizontalité” que de “maternalisme”.

« On vit dans un foyer pour jeunes travailleurs à Paris »

 Huit euros nuit pour les visiteurs






Une grosse contrainte demeure : les visites. Toute personne qui visite l’établissement pour rencontrer un ami résident doit laisser sa carte d’identité à la porte. La nuit, ils peuvent faire des amendes en payant 8 euros. Agathe, responsable des événements sportifs, dit qu’elle pense que c’est surtout pour éviter les squatteurs. C’est pourquoi elle est tentée de faire un geste.

 

En effet, un bon plan ne peut durer que deux ans. C’est du moins ce à quoi cela ressemble. “Mais ils ne te lâcheront pas tant que tu n’auras pas trouvé un nouveau chez-toi, même si tu as 30 ans. Selon la jeune travailleuse de la Cité des fleurs, le foyer est avant tout une vocation sociale.

Elle ne se voit pas vivant seul, cependant, à l’extérieur de la maison. Pierre a l’intention de déménager dans une ferme communautaire après avoir terminé ses études en sciences de la terre à la rentrée 2023. Ils ne se perdront jamais de vue, selon les résidents plus âgés. Les liens qu’ils ont fabriqués à la maison sont solides et continueront de l’être, même s’ils bougent.