La moutarde pourrait revenir dans les rayons… l’année prochaine

La moutarde pourrait revenir dans les rayons… l’année prochaine

21 juillet 2022 0 Par evelyse vignardet

Il devient de plus en plus difficile de trouver de la moutarde en supermarché. Ce n’est pas seulement le résultat de la guerre en Ukraine. C’est une combinaison de nombreux facteurs.

Les rayons de moutarde sont restés vides pendant plusieurs semaines. Cependant, ils n’ont pas été remplis. Les distributeurs sont tenus de limiter leurs achats à un ou deux contenants dans un pays comme la France où il y a en moyenne 1 kilo par personne et 1 kilo par an.

Selon les données de l’Iri, il n’est pas surprenant que le prix de ce condiment rare ait fortement augmenté. Il a augmenté de près de 14 % en une seule année. La situation ne s’annonce pas bonne.






Le président de l’Association de la Moutarde de Bourgogne Luc Vandermaesen est pessimiste. Il craint qu’il faille “du temps avant que nous puissions nous réapprovisionner”. Il a déclaré au Monde que les tensions devraient perdurer jusqu’en 2024.

La production canadienne ralentit

Cette pénurie n’est pas seulement due au conflit en Ukraine. Contrairement aux idées reçues, la moutarde de Dijon n’est pas un grand producteur de graines de moutarde. La France doit donc importer des approvisionnements de l’étranger. Environ 80 % des 35 000 tonnes de semences nécessaires sont importées du Canada.






Il devient de plus en plus difficile de les obtenir. Le pays est passé au blé plutôt qu’à ses usines de moutarde, plus rentables. Le Canada a également été durement touché par une grave sécheresse, qui a entraîné la destruction des récoltes. Selon le ministère canadien de l’Agriculture, la production canadienne de semences a diminué de moitié en 2022 à 50 000 tonnes.






Une grande partie des semences importées en France proviennent de Russie et d’Ukraine. L’acheminement de ces semences vers la France est perturbé depuis le déclenchement du conflit en février à l’Est.

Reconstitue l’industrie française

C’est l’occasion de relancer la filière française. La Bourgogne, qui ne produit qu’une faible quantité des semences nécessaires aux industriels, entend profiter de la crise d’approvisionnement canadienne ainsi que du blocage des importations de l’Est.

“Notre objectif est de tripler les surfaces cultivées dans notre région pour atteindre les 10.000 hectares, soit environ 1% des surfaces cultivables de la région. Les industriels de la filière ont aussi accepté de faire un effort et consenti à une augmentation du prix des graines qui leur seront livrées”, explique aux Echos Fabrice Genin, président de l’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMP)

La législation française sur les insecticides est plus restrictive que dans d’autres pays. Cela freine la création d’une véritable filière française, à condition que les semences soient plus résistantes aux intempéries et aux insectes.






Ces efforts ne seront pas payants cette année. L’anglo-néerlandais Unilever est le plus grand producteur de moutarde en France et reconnaît que toute la récolte de graines de Bourgogne ne suffirait pas à couvrir toute la production de moutardes Amora ou Maille pour l’année.

Selon Les Echos, elle ne pourra pas produire plus du tiers de la graine de moutarde dont elle a besoin pour poursuivre les volumes de production de 2022. Elle espère pouvoir retrouver les approvisionnements normaux “dès l’arrivée de la prochaine récolte de graines d’octobre 2022”.

Cette année, cependant, il n’est pas prévu de revenir à la normale. Cependant, les distributeurs ont réussi à approvisionner les rayons avec des marques non identifiées de pays de l’Est comme la Pologne et la République tchèque, tout comme ils l’ont fait avec l’huile de tournesol. Il reste à déterminer si le goût est exactement le même.